La Fête Est Finie

La Fête Est Finie

Dans la dignité, qu'ils disent...

On le dit souvent, l'Ehpad est l'antichambre de la mort,

 

C'est un endroit en dehors de la société, un lieu carcéral où vous perdez vos droits humains les plus élémentaires...  

 

Vous voulez sortir dans le jardin il faut demander la permission. Vous voulez rester au lit toute la journée, on vous met de force dans le fauteuil. On vous rudoie, on vous secoue, on vous impose.  Vous ne voulez plus manger ? On vous perfuse ! Vous ne voulez plus prendre vos médicaments on vous y oblige. On vous oblige à boire, à participer aux activités, à descendre au réfectoire... Plus jamais vous ne sortirez de là, seul, sauf les pieds devant peut-être ! Plus jamais vous n'irez au marché, à la plage, chez le boulanger ! Plus jamais. 

 

Bref, cette fin de vie toute en dépendance, sans autonomie, sans pouvoir de décision sur vous-même et sans AMOUR, pour moi ce n'est déjà  plus de la vie. 

 

On nous bassine avec l'allongement de l'espérance de vie, comme un reproche d'ailleurs de faire supporter à la société le poids de personnes improductives. Mais le plus souvent il y a au moins 10 ans de trop. Parmi mes "vieux" amis, tous ne sont que souffrance et terreur. 

 

Souffrance car le corps est usé, c'est inévitable, surtout s'il a bien servi sur des métiers un peu physiques ou dans une vie chargée de contraintes. Terreur car le monde et ses changements perpétuels les effraie, ils n'y a plus de repères stables possibles, les chaines de télé mainstream entretiennent la peur à des fins politiques, ils ont peur aussi, non pas de mourir mais de souffrir encore plus, des semaines ou des mois avant de pouvoir s'éteindre. 

 

Nos voisins en 4 ans ont les lumières qui s'éteignent les unes après les autres, il faut les assister sur des gestes simples pour nous mais qui pour eux sont insurmontables : envoyer un mail, scanner un document, sortir la voiture du garage, vérifier le niveau de fuel dans la cuve.... Et cette impuissance à faire les choses les rend furieux contre eux-mêmes et contre tout. Fatalité... Il y a 4 ans ils sortaient, masque docilement accroché au visage, faire leur tour de quartier, ils partaient faire le marché à Paimpol, ils jardinaient...

 

Aujourd'hui ils attendent. Ils attendent l'infirmière. Ils attendent l'aide ménagère. Ils attendent le jardinier. Ils déplorent à chaque passage le travail baclé, mal fait, par manque de temps,  par manque d'empathie  ou pire avec la volonté de profiter de leur faiblesse. 

 

Ils attendent que leur santé empire, que leurs douleurs soient un peu plus invalidantes... Ils se surmédicalisent adhérant sans réfléchir au narratif officiel qui prétend que la santé dépend des médicaments. Ils s'abrutissent d'antidouleurs vains, et d'antidépresseurs qui ne tariront jamais la tristesse qui s'est emparée d'eux.

 

Ils attendent que leur fils unique vienne. Une fois par an. Une semaine. Il accorde à ses parents agés qui vont lui laisser un substanciel héritage, une semaine de sacrifice par an. Il vient gueuler, reprocher, exiger, un peu comme un proxénète vient relever les compteurs...  Eux qui se sont tant sacrifiés pour lui !

 

Puis un jour il va juger qu'ils ne peuvent plus rester chez eux et les faire enfermer. En EHPAD. Vous serez mieux qu'il va leur dire....Ils quitteront la maison où il a grandi pourtant. La maison qu'ils ont bâtie, entretenue, aimée, dans l'intention de construire un nid confortable à leur unique enfant, et de lui laisser quelque chose pour qu'il galère moins qu'eux. Sauf qu'ils ont vécu trop longtemps, que leur fils a dû galérer, qu'il s'est construit sa maison et sa vie ailleurs, et que cet "héritage" viendra bien tard. Trop tard. 

 

Ils le savent. Ils le disent : "On a vécu trop longtemps". 

 

Combien de fois ont-ils été réanimés, opérés, sauvés, réparés ? J'ai une amie qui a une prothèse de hanche, une prothèse d'épaule, une prothèse de genou ! Et qui a été traitée de milles maladies chroniques, qui ne guérissent pas mais que le traitement au long cours permet de maintenir en vie...

 

Qu'est ce que la vie en fait ? 

 

Ces années d'angoisse, surmédicalisées, à se voir diminuer peu à peu, inexorablement. A nourrir une culpabilité de porter tous ces stigmates de l'âge car les médias ne parlent que de sport pour le 3ème âge, de bien vieillir, de grand âge en santé... Ha on est loin des photos dans "notre temps" ou "pleine vie" !

 

Et encore. Je ne connais pas de retraités qui vivottent au troisième étage d'un HLM loin des commerces, avec une retraite permettant à peine de survivre. Les retraités que je connais sont plutôt des boomers aisés et qui ont eu une vie assez facile. 

 

La vie pour moi c'est la liberté, la liberté de bouger, de se mouvoir, de sortir, d'aller et venir. Avant tout. Oui je crois vraiment que la vie c'est d'abord la liberté. Et vieillir implique de la perdre. Quand on parle de perte d'autonomie, de plongée dans la dépendance, c'est la liberté qu'on enterre en fait ! Et quand on enterre sa liberté, on a un pied dans la tombe.

 

C'est pourquoi je défends un projet de loi pour une fin de vie DANS LA DIGNITE non soumise à la volonté/décision de médecins qui s'arrogeraient une fois de plus le pouvoir de vie ou de mort sur nous. Je défends un droit de mourir en douceur, QUAND JE L'AURAI DECIDE et pour des raisons qui me seraient propres. La seule condition étant que PERSONNE ne prenne cette décision pour moi et dans le cas d'impossibilité de m'exprimer, des décisions sont d'ores et déjà déposées en évidence sur mon bureau.

 

Jamais personne ne m'a dit quoi faire, quoi penser, quoi dire, quoi écrire, quand sortir ou pas. Je suis un esprit libre et toucher à ma liberté serait inévitablement me voler mon âme.

 

En ce week end de Pâques, qui je le rappelle ne fête pas les poules et les oeufs, les cloches et les lapins, mais la résurrection du Christ vers une vie meilleure, je crois sincèrement que la vie ici-bas ne dois pas être l'enfer que les élites décident pour nous. Je crois sincèrement que la liberté est LE principal outil d'une vie meilleure, d'une vie que L'ON choisit. 

 

La liberté c'est la dignité. Ma vie c'est mon choix. Ma mort aussi. 

 

Joyeuses Pâques 

 

les falaises au levant

 

 

 



30/03/2024
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