La Fête Est Finie

J'ai toujours su que je ne suis pas adaptée à la collectivité. Mais j'essaie encore et encore, je m'efforce, je suis gentille, tolérante, aidante, empathique, souriante.... A l'intérieur de moi, ça clignote, je sais ce qu'il va se passer, comment ça va finir, j'entends ce qui n'est pas dit, je sens les hypocrisies, je remarque les petites trahisons qui se transforment vite en grosses.

Et tout ça me blesse, m'irrite, me ronge, me tue à petit feu. C'est douloureux. Très.

C'était comme ça à l'école. Comme ça en famille. Comme ça au boulot. Dans ces cas de figure, j'étais bien obligée d'encaisser et de faire contre mauvaise fortune bon coeur. L'école est obigatoire, on choisit pas sa famille, et on a besoin de bosser pour manger. La tolérance est de mise.

Mais là, dans le monde associatif, rien ne m'oblige à subir ! RIEN. Je voulais une association où les membres seraient acteurs et non consommateurs, mais ça ne marche pas. Dans cette société d'assistés, tu paies, t'exiges... Ils veulent, ils demandent, ils font ce qu'ils veulent... Ils crient à la dictature par ce qu'on n'obéit pas à leurs injonctions....

Je suis fatiguée. Pire. Je suis en train de retomber en dépression. Je ne dors plus, je me bourre de sucre, je me barre de chez moi pour passer mes nerfs.  Et quand je vois mon mari se laisser mener gentillement par le bout du nez sans jamais oser élever la voix, au détriment de sa santé, ben c'est à lui que j'en veux. Lui c'est un taiseux, il encaisse, je pense qu'il se fabrique un truc grave dans un coin de son corps, alors que c'est lui le chef et qu'il suffirait qu'il dise : C'est comme ça ! D'ailleurs certains choristes demandent aussi plus de rigueur, de travail, de cohérence. 

On passe la matinée à préparer la répétition : "on fait ça, on chante ça, on dit ça". Ok. On arrive sur place une grande gueule dit "moi je veux ça, comme ça, et pis ça j'suis pas d'accord" Et hop on fait comme elle veut. On a sorti la boite à percussions pour les chants de Noël, elles s'en sont emparées comme des gamines de maternelle et ont agité leurs grelots avec vigueur en ricanant (je ne ferais pas de jeu de mot sur l'agitation avec vigueur !)

On reçoit des mails de contestations pour toute décision prise et quand on demande l'avis de tout le monde par google form on a 20 réponses (sur 47) ! Et ils ont TOUJOURS un pet de travers ! Et je tousse, et j'ai mal au dos, et j'ai mes petits enfants, et j'ai des invités, et ...... 

Pourquoi se sont-ils inscrits à une chorale ? Ils chantent faux et n'ont aucune idée de l'impact collectif de chacun. Au foot, si tu ne viens pas aux entrainements tu ne joues pas le match, là tout le monde s'étonne que l'on conditionne la participation au concert à la participation à la répétition générale !

Le petit groupe qui s'est fissuré la tête pendant l'été monte la tête aux autres, jusqu'au guitariste qui remet en cause toutes les décisions ! 

J'ai envie d'arrêter. D'arrêter de me faire du mal. Mais mon mari s'est tellement investi ! Il est tellement heureux quand il dirige et que ça sonne bien ! Et puis il y a plein de gens sympas, positifs (mais pas toujours assez impliqués).Ils méritent que ça continue. Mais moi je m'use, je m'auto-détruis, j'allais si bien c'est dingue de se rendre malade pour un truc facultatif !

Chaque séance est maintenant pour moi un pensum ! Voir les 4 abrutils vautrés au fond, refuser de se lever pour chanter, ne pas dire bonjour, refuser de chanter certaines chansons, s'envoyer des sms pendant la répétition, et surtout monter la tête des autres, et répandre des calomnies à travers la ville, c'est insupportable !

Je crois que même si on arrivait à faire partir ces 4 là, le mal est fait. C'est mort. Le petit grain de méchanceté, et de doute a été instillé dans l'esprit de trop de choristes !

J'ai plus envie. J'ai plus la force. Je vais ressortir mon millepertuis et ? Il faudrait que je tienne jusqu'en juin, 6 mois  c'est interminable ! Insoutenable.