La claque
La première chose que je me dis le matin c'est : il va falloir que je trouve la force de... Faire tourner une machine, nettoyer la salle de bains, passer l'aspi. Enfin toutes les choses que l'on doit faire au quotidien, me sont insurmontables et exigent que j'aille chercher une détermination faramineuse.
La plupart du temps, sur la journée j'arrive à faire une chose ou deux. Pas plus. Après je retourne l'enrouler dans un plaid sur mon canapé, énumérant ce que j'ai déjà pris comme antalgiques, évaluant ce que je pourrais bien prendre encore, un collier acupeo autour du cou, des poches de glaces sur les clavicules.
Je viens de trouver une info sur le syndrome de Parsonage-Turner, ça ressemblerait bien à ça, mais comme ils disent sur wiki : Le diagnostic est toujours tardif ET de toute façon il n'y a que des traitements empiriques, puis dans le meilleur des cas ça s'atténue avec le temps....
Bon on en meurt pas. De la fibro non plus. La prise de sang pour le myélome c'est prochainement.
Le moral ? Ben je suis centrée sur ma douleur et je viens d'apprendre que ma cousine germaine, est en phase terminale. Alors...
Des années qu'elle se battait comme une héroïne contre le crabe, mais comme toujours il a gagné. Heureusement, on s'est vue deux fois en 2021 et pour des moments heureux. C'est important de profiter des gens qu'on aime de leur vivant.
Déjà que je suis dans une phase nostalgique, je ne vous dis pas. Toute cette enfance plus ou moins partagée qui me revient. Plus ou moins parce que moi j'étais en région parisienne, tellement plus protégée qu'elle qui grandissait sans confort en province et sans maman, élévée par des grands mères aimantes mais souvent maladroites et surtout d'un autre siècle.
Ma cousine et moi on a le même âge. Je suis plus vieille de 15 jours. Nous allons avoir 60 ans cet été, ou pas...
Je me pose la question d'aller la voir une dernière fois. Mais je sais qu'elle n'aime pas parler d'elle, et que parfois quand on est malade on n'a pas envie de voir défiler du monde, ça fatigue et ça agace. On s'est vues en novembre dernier. C'était un moment magique entre cousins et elle qui ne se plaignait jamais m'a confié : "J'en ai marre, j'ai trop mal". Mon petit don médiumique m'a fait comprendre qu'on allait la perdre mais ce n'est officiel que depuis ce matin.
On a partagé tant de moments de vie sans jamais se connaitre vraiment, celle qu'on appelait puçon était refermée sur elle-même, pour se protéger. Mais elle avait une vie intérieure. On s'écrivait tous les mois, c'était comme ça autrefois, avec la famille lointaine on entretenait des liens épistolaires, il fallait parfois lire entre les lignes, mais rien qu'une enveloppe souvent joliment colorée et votre nom maladroitement tracé dessus pouvait vous faire sourire... C'était avant, pensez ! Il n'y avait même pas de téléphone fixe, sauf chez le médecin et au bistrot...
Ses enfants assurent admirablement, je sais qu'elle est entourée au mieux. Ils sont formidables.
Voilà, du coup, je me sens un peu nulle avec mes jérémiades. J'ai même pleurniché sur twitter hier soir, et comme rien n'est jamais dû au hasard, je suis tombée sur une de mes abonnées qui est naturopathe (je l'ignorais) et qui a fait sa thèse sur la fibro. RDV est pris pour une consultation et des conseils. Changer d'hygiène de vie. Je sais faire. C'est garder le cap qui est difficile.
Et puis dans ma famille, on ne vit pas vieux on dirait. Alors parfois je me dis "Y a pas de mal à se faire du bien !". Plus que jamais je me dis qu'il faut profiter du jour présent.
Est ce qu'elle sait que je l'aime et qu'elle me manquera, parce qu'on s'est construites ensemble malgré tout. Il faut que je le lui dise...
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