La Fête Est Finie

La Fête Est Finie

Quelque chose s'éteint...

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Quelque chose s'éteint dans la tête de ma tante. Elle part. Elle est là physiquement, se déplace lentement avec un déambulateur, mais elle n'est plus là, ce n'est plus elle déjà !

 

Cela fait plusieurs années déjà que la lumière dans sa tête décroissait. Elle ne trouvait plus les mots, puis ne trouvait plus les prénoms, à l'enterrement de ma cousine, elle la cherchait... Ma tante, depuis qu'ils lui avaient vendu une prothése de genou, n'est jamais vraiment revenue. Elle n'a pas mieux marché non plus, d'ailleurs...

 

Ils ont trouvé des médicaments pour obliger le coeur à battre plus longtemps, pour que les organes fonctionnent, brinque-ballant plus longtemps, mais ils ne peuvent rien contre un cerveau qui s'éteint, parce que le cerveau est un esprit libre, c'est lui qui décide...

 

Ma tante s'en va, son fils cherche une place en EHPAD, pour elle et pour mon oncle qui a 90 ans mais va bien, mais on ne peut pas les séparer. Une place 3000 euros par mois, deux places 6000... Par ici la bonne soupe (pour le groupe financier hein !)

 

Mon cousin fait tout ce qu'il peut. Son frère ne l'aide guére... En mon temps ma soeur avait lâché l'affaire elle aussi... Est-ce le privilège des ainés de conduire les parents vers leur dernière demeure ?

 

Ces fins de vie qui n'en finissent pas, ces hospitalisations à répétitions pour te faire tenir 6 mois de plus, ou trois ans ? Pourquoi ? Est ce une vie de s'éveiller chaque matin en se demandant si c'est le dernier matin, si c'est pour aujourd'hui, si ça va être douloureux, si.....

 

Quelle chance ont ceux qui meurent d'une crise cardiaque sans crier gare ! Là tout de suite, en pleine activité, sans angoisse ! Pourquoi les réanime-t-on absolument ? C'est si doux de mourir sans avoir eu le temps d'avoir peur ! 

 

L'espèrance de vie, qu'ils ont allongée artificiellement n'apporte aucun confort de vie, juste de longues années de solitude, d'anxiété, de maladies chroniques, et pour certains, en plus, de précarité !

 

Dieu m'en préserve. 

 

Quelque chose s'éteint, là-bas, à Chauvigny, berceau de ma famille. C'est le cerveau de ma tante, il a trop pensé, s'est trop inquiété, a trop aimé, il préfère s'éteindre pour ne pas comprendre la déchéance des derniers moments. Heureux les pauvres d'esprit... Encore une fois. J'espère qu'il ne reste pas tout au fond d'elle une petite lueur de compréhension qui la torture sans qu'elle puisse l'exprimer.

 

Bientôt, pas avant Noël j'espère (ma mère est morte à Noël, la mère de mon mari a été enterrée à Noël), bientôt, la famille se retrouvera pour lui dire adieu. On ne se rencontre plus guère que pour des adieux, des pleurs, des câlins serrés, des regrets, des partages de souvenir.

 

Cette tante, c'est le pilier de la famille, elle a toujours veillé à faire le lien entre tous, à donner des nouvelles (radio le breuil) et à réunir tout le monde. Malgré le divorce de mes parents, cette tante paternelle, a continué à accueillir ma mère et ma soeur en vacances, gratuitement, leur assurant le gîte et le couvert ! Quand ma mère est morte, j'ai passé de longues heures avec elle au téléphone, elle me réconfortait... Elle faisait des centaines de photos, bien classées dans des albums, avec les commentaires qui vont bien, c'était notre facebook familial ! 

 

J'ai beaucoup de souvenirs avec elle, je lui avais fait réviser ses cours quand elle préparait le concours de facteur, j'allais souvent en vacances chez elle à Bagneux à l'époque avant leur retour en Vienne... Ma mère disait qu'elle était outrageusement maniaque et mauvaise cuisinière, c'est vrai mais elle avait tant d'autres qualités ! Un coeur et un esprit ouvert, une curiosité intellectuelle et une passion pour les jeux de société qu'elle savait partager ! 

 

Finalement on s'est trop peu vues, les kilomètres, et la vie qui passe avec ses lots de soucis. Je me dis que si au lieu de la Bretagne j'avais choisi de retourner là-bas, je m'occuperais d'elle... Si....

 

Après eux, il n'y aura plus personne de la famille dans cette ville où le stade porte notre nom, souvenir de mon oncle responsable du club de foot, mais au-delà, souvenir de trois gamins de la campagne que le foot faisait sortir de leur quotidien...

 

Quelque chose s'éteint, là-bas, si loin, j'espère qu'elle reste riche des moments passés en famille, des rigolades et des engueulades aussi ! J'espère que son corps va s'éteindre aussi, en douceur, sans souffrance, comme une bougie dont la flamme s'éteint d'abord, puis la cire refroidit, et bientôt il ne reste rien de sa magie, que le souvenir... Et l'amour dans le coeur de ceux qui se souviennent de la petite flamme... 

 

 

 

 



04/12/2023
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