La Fête Est Finie

La Fête Est Finie

Voilà. ça c'est fait.

J'ai donc regagné le berceau familial pour enterrer ma petite cousine 

 

Le voyage en train était une aventure de plus de 7 heures mais compte tenu de la chaleur, des événements et de mon état de santé, je ne me sentais pas de conduire 500 km. Et puis comme ça sur place j'ai été véhiculée par un cousin et ma soeur n'a pas pu m'exclure complètement. 

 

Toute la famille était réunie pour ce dernier adieu et ça fait chaud au coeur de voir qu'à chaque coup dur tout le monde répond présent, et immédiatement on retrouve la complicité d'antan, comme si on avait toujours 8 ans et qu'on regardait le monde du haut des trois marches en pierre où l'on se réfugiait tous les enfants, pour regarder et écouter les adultes refaire le monde.

 

Quel plaisir de tous les retrouver et de partager ce même attachement à celle qui nous quittait. J'ai appris des choses que j'ignorais sur son enfance, il y a des secrets qu'on ne raconte pas aux enfants.

 

C'était déchirant de voir le chagrin de ses enfants, assez jeunes encore, tous trentenaires, et qui lui doivent tant. Elle a réussi à en faire des adultes équilibrés et brillants, malgré que les conditions n'aient pas toujours été réunies. Silencieusement, elle les poussait, comme elle poussait ses pions quand elle jouait aux dames avec mon grand-père ! C'était beau de les voir tous les trois si unis, prenant soin les uns des autres, et le plus jeune prenant les choses en mains, comme s'il était l'ainé. Ils se sont occupé d'elle jusqu'au bout et c'est admirable ce qu'ils ont accompli ! Qui meure encore à la maison de nos jours ? Eviter le sinistre hôpital et sa maltraitance est un exploit !

 

Dans la Vienne, le temps était bien plus brulant qu'en Bretagne, et l'air m'a semblé irrespirable. Je me suis aperçue aussi que le village coincé dans la vallée de la Vienne, et cerné par la route de limoge et la route de chatellerault, résonne nuit et jour du bruit lointain, mais certain de la circulation ! Du coup, mes regrets d'avoir choisi la Bretagne se sont estompés, ici nous avons le calme complet et la pollution est loin, loin de nous !!!! Là-bas il y aurait donc eu les routes et la centrale nucléaire de Civaux !  Et puis des souvenirs, partout des souvenirs et des regrets, un coup à cultiver la nostalgie à jamais et à pleurer à chaque coin de rue.  Or, aujourd'hui je veux vivre le jour présent, pas cultiver le passé.

 

Après les obsèques nous nous sommes réunis, rapprochés par le chagrin et la perte de l'une d'entre nous. 

Ma soeur y est allée de ses réflexions habituelles : "Je suis plus grande qu'elle, mes parents ont réussi la perfection avec moi"... Elle a parlé des recettes de cuisine qu'elle fait (dans sa tête car ses gosses sont nourris de riz, de nouilles, d'oeufs, de chips et de jambon) Elle a accaparé mes cousins autant qu'ils l'ont laissé faire, et tenté de me rabaisser par milles petites choses, que les autres ne remarquent pas, mais qui me fatiguent ! Comme elle doit être malheureuse qu'elle soit jalouse du peu que j'ai et surtout qu'elle ait autant besoin d'essayer de m'écraser  et de s'approprier ma vie !

 

Je garde malgré les tristes circonstances et les efforts de ma soeur, un souvenir attendri de cette journée. Mon oncle et ma tante de 88 et 85 ans ont dignement assuré, même si ma tante était un peu déphasée d'enterrer une de ses nièces ! A l'église, quand il a fallu bénir le cercueil on lui a dit, il faut aller dire au-revoir à A, et ma tante disait : mais où elle est ? Je ne la vois pas ! puis elle s'est écroulée sur le petit cercueil ! 

 

Etant donné qu'il n'y a plus qu'eux dans notre petit ville, le repas suivant les obsèques s'est passé chez eux, depuis que les décès ont décimé la famille, grâce à eux, leur hospitalité, leur générosité, leur gentillesse, on a toujours eu un endroit pour se retrouver, se fédérer, continuer à être une famille, et ils ont toujours veillé sur chacun de nous. C'est triste de se dire que eux aussi font nous laisser tomber !

 

Voilà, Une nouvelle page est tournée. Je suis tellement certaine qu'il y a quelque chose après la mort qui ne s'appelle sûrement pas Dieu, mais bien l'amour, que je sais que ma cousine va trouver sa place là-haut, dans la sphère familiale et qu'elle y  trouvera la sérénité qui lui a fait défaut dans ce monde ci.

 

Decouvrir Chauvigny dans la Vienne

 



13/08/2022
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